Après avoir joué quelque peu à Final Fantasy 12, je me dois de poster quelques impressions.
(Note: cet article, initialement paru sous format PDF en 2007, a été republié directement sur ce billet de blog en 2014, avec quelques modifications mineures)
Le jeu est intéressant dans la liberté qu’il nous redonne (comparativement à FF10 et similaires) et son réalisme (autant graphiquement, sonorement, que conceptuellement en éliminant les combats aléatoires).
La bande sonore rappelle un mélange de Vagrant Story et Final Fantasy Tactics, ce que je trouve très bien.
Les voix de la version US sont impeccables. Le character design est bien balancé. Et Balthier est franchement le personnage le plus sexy que j’aie jamais vu. Sa voix (version anglaise toujours) et ses dialogues sont un délice, et la voix de Fran possède une tonalité et un accent très particulier que j’aime beaucoup aussi. Bon, maintenant que j’ai honteusement mentionné mon admiration de deux des personnages, passons au système de jeu.
Love it or hate it, Final Fantasy XII semble conçu comme une version single-player d’un MMORPG. Ce qui implique certaines choses:
- On ne se fait plus d’argent facile. Il faut piller, saccager et revendre. Yaarrr.
- Jeu orienté joueurs compulsifs maniaques de longue durée (du moins c’est l’impression que j’en ai)
- Jeu très, très compliqué (bon, pas autant que Vagrant Story ou Disgaea, quand même)
- Des couleurs dans les tons de brun. Miam.
- Un système de classes de personnages. Complexe. Trop évolué. Comme d’habitude. Et ça implique qu’on peut donc avoir une équipe de personnages surpuissants ou une équipe construite de travers; et c’est irréversible, évidemment .
Parlons-en, du système de classes trop évolué, le système de « licenses ». Non seulement il faut payer une fois pour ses magies, habiletés, équipements, mais en plus il faut « payer » une deuxième fois en points de license (comprendre: nombre de kills). C’est à la fois brillant et débile. Brillant parce que l’on peut façonner un personnage de la façon dont on le souhaite, débile parce que les joueurs occasionnels comme moi s’en contrefoutent et veulent juste jouer, simplement, pas faire une planification d’évolution d’une multinationale! Pour pouvoir faire quelque chose de décent, j’ai dû trouver une carte complète du licence board, planifier et calculer de façon stricte mes acquisitions pour débarrer les Quickenings le plus rapidement possible. Depuis quand les jeux sont-ils aussi fichtrement compliqués?
« Oui mais Kiddo, espèce d’ingrat, comment oses-tu, SquareEnix ne vise pas les faux gamers comme toi, ils veulent faire plaisir à leurs fans qui en demandent toujours plus! Tu n’es pas le public visé! »
À quoi je dois rétorquer par la question: vous vous souvenez de Final Fantasy VII ?
FF7 est mon favori de tous les temps (à peu près égal avec Final Fantasy 9, qui y est similaire, et Chrono Cross). Ces jeux sont considérés comme des grands cultes, et je terminais FF7 en 70 heures avec une partie bien remplie, de façon agréable. Les matérias étaient un système de magies merveilleux de simplicité. Les limites faisaient mal sans nécessiter qu’on tremble en appuyant sur tous les boutons.
Et pourtant, je n’ai jamais eu à faire ces horreurs de « level grinding » (s’entraîner pendant des heures et des heures pour booster les niveaux et l’équipement de personnages) dans FF7, FF9, Chrono Cross et la série des Metal Gear Solid (pas un RPG, mais bon).
Les seuls cas où j’ai vu ça c’est dans les jeux nippons extrèmes (Disgaea, Phantom Brave, c’est vous que je regarde >_>) et dans les jeux online. Pour ce qui est des jeux online, le but principal est de vous vider le portefeuille en vous accrochant pendant des mois sur un boostage de chiffres insignifiants. Quand le jeu devient une tâche, il ne cesse pas entièrement d’être amusant (s’il y a une histoire exceptionnelle pour justifier l’effort de progression), mais il perd une portion de son attrait.
Je n’ai pas plusieurs mois à passer sur un jeu. Halte à la prolifération du level grinding.
« Meuh! Je parie que tu sais même pas comment ça marche! »
La chose est, dans ma partie de Final Fantasy 12, j’étais rendu à la tombe de Raithwall pour aller dénicher le Dawn Shard. À ce moment là, j’étais fauché, et je comprenais pas comment un jeu comme FF12 pouvait me garder dans la pauvreté à perpétuité.
Je découvre alors l’existence d’une quête optionnelle pour obtenir des épées Demonsbane (59 ATK; pour vous donner une idée, mon arme la plus puissante du moment avait une force de frappe de 30). Pour obtenir ladite épée, il faut buter le Demonwall numéro 1 (ne pas s’enfuir, même s’il a 22000 HP et que je tape de 200!) et que j’élimine également le deuxième Demonwall (10000 HP, donc techniquement une farce comparé au premier).
Sauf que… le premier boss est très, très agressif, et difficile (impossible?) à vaincre sans utiliser des « Quickenings » (équivalent approximatif des limit breaks de FF7). Or, je n’en avais aucune. En fait si. J’ai découvert à mes dépens que seul un personnage peut occuper une case de Quickening sur le License Board. Traitez-moi d’idiot si vous le voulez, mais les concepteurs du jeu n’ont pas cru bon d’empêcher le joueur de débloquer la case simultanément sur plusieurs personnages « sans l’activer », ou encore de mettre un dispositif pour en aviser le joueur avant.
Fuck. Je venais de gaspiller plus de 50 license points sur deux personnages, et au final je n’aurais qu’un seul personnage avec un seul Quickening de niveau un. Ridicule. Pour mettre ça en perspective, 50 LP équivaut à 50 ennemis vaincus (sauf boss).
Je me suis fâché.
Abus du système
Je me suis téléporté aux Lhusu Mines et j’ai buté des squelettes. Beaucoup. Pendant plusieurs heures (étalées sur plusieurs journées). J’estime en avoir tué un peu plus de 900 (parce qu’au final, mes personnages avaient en moyenne 1000 LP).
Pour faire une histoire courte, j’ai rammassé tellement d’objets en abusant du système (ou plutôt… en jouant « comme le jeu est fait pour être joué ») que je devais régulièrement faire des pauses pour aller vider mon inventaire en le revendant au magasin. J’étais pauvre à 2000 gils avant, je me suis retrouvé avec environ 130000 gils au final, des dizaines de « Iron Helmet » (de quoi équiper tous mes personnages et revendre le reste), etc. Par la même occasion, j’ai gagné environ 7 niveaux sur tous les personnages. Visiblement, ce genre de grinding est ce qui est considéré comme étant minimal/normal? What the hell.
Avec mes 1000 LP disponibles pour tous les personnages, j’en ai eu tout juste assez pour débloquer entièrement les chemins menant à tous les quickenings de tous les personnages dans le license board.
Mon dieu. J’étais niveau 20 et j’avais donc déjà débloqué touts les Quickenings les plus puissants de tous mes personnages. Dans les autres jeux, les limit breaks les plus puissants se débloquent vers la fin.
Ci-dessous, une photo de mon écran de jeu (22 heures de jeu, personnages au niveau 20, et les trois cercles oranges à droite de chaque personnage indiquent que j’ai acquis les trois niveaux de Quickenings possibles):
Suite à cela, j’ai vaincu un boss de 20000 HP en deux tours de combat. Environ une minute en comptant les cinématiques (une fois que j’ai fini par apprendre à appuyer sur les boutons assez rapidement – c’est quoi cette manie des RPG récents de faire des limites « combo enchaînés à la Devil May Cry » ?).
Si ça c’est pas de l’abus, je sais pas ce que c’est.
(Edit 2014: attendez, il y a bien pire: la boucle de Negalmuur m’a permis de laisser ma PS2 grinder mes personnages pendant deux jours, gagnant une cinquantaine de niveaux sans effort)
Star Wars
Final Fantasy XII est Star Wars. C’est indéniable. Balthier (Balfear) est le clone de Han Solo et Fran est la version sexy (et articulée) de Chewbacca. Sky pirates, superb smuggler. Même l’accoutrement, le vaisseau et le style de combat de Balthier ressemblent à Han Solo. C’est assez frappant.
Les cinématiques de FF12 sont calquées sur les combats spatiaux de Star Wars, et les villes avec les milliers de vaissaux volants dans toutes les directions sont calquées sur Naboo.
L’Empire d’Arcadia, avec ses prétentions et ses soldats en armure lourde casquée, est évidemment un clin d’oeil à l’Empire Galactique.
Conclusion
Il faut le dire franchement, FF12 botte beaucoup de fesses. C’est un excellent jeu. Mais il fallait vraiment que je me plaigne du fait que tous les jeux de nos jours semblent vouloir nous faire « travailler » au lieu de nous faire « jouer ».
Évidemment, ce review n’est pas exhaustif, il se concentre sur les aspects qui m’énervent dans FF12 et deux ou trois trucs qui me plaisent, mais la liste de choses qui sont géniales est beaucoup, beaucoup plus longue que ça, croyez-moi. Sauf que faire un review les mentionnant nécessiterait une trentaine de pages, et puis, c’est le travail de jeuxvideo.com de toutes façons.